
Peter Durand / CC BY-NC-ND 2.0 / Regardez le discours qui a inspiré ce dessin
La parole dangereuse est toute forme d’expression (parole, texte ou images) pouvant augmenter le risque que son auditoire tolère ou participe à la violence contre les membres d’un autre groupe. Susan Benesch a inventé ce terme (et a fondé le Dangerous Speech Project) après avoir observé que la rhétorique de peur et de division montait régulièrement avant les flambées de violence de masse et qu’elle était souvent similaire, même dans des pays, des cultures et des périodes historiques différents. Nous appelons ces similitudes rhétoriques les «caractéristiques» du discours dangereux. L’un d’entre eux est la déshumanisation ou désigne les gens comme des insectes, des animaux méprisés, des bactéries ou des cancers. Cela peut donner l’impression que la violence est acceptable: si les gens ressemblent à des cafards ou à des microbes, vous pouvez vous en débarrasser.
Une autre caractéristique est de dire aux gens qu’ils font face à une menace mortelle émanant d’un groupe défavorisé ou d’une minorité, ce qui donne l’impression que la violence est non seulement acceptable, mais nécessaire. Ce poinçon a été surnommé « l’accusation dans un miroir » parce qu’il affirme que la violence viendrait du côté opposé – de ceux qui sont en réalité les victimes de la violence. Comment savoir quel discours est dangereux? Il faut faire une supposition systématique et éclairée. Une parole dangereuse ne peut être identifiée que par les caractéristiques ou par un aspect de son contenu, car sa capacité à inspirer la violence dépend tellement de son contexte – de qui la diffuse, comment, à qui et dans quel contexte social et historique.
Nous avons mis au point un test de dangerosité basé sur le message lui-même et quatre éléments connexes: orateur, public cible, contexte et média. Celles-ci sont connues sous le nom de lignes directrices sur la parole dangereuse et leurs éléments sont décrits plus en détail ci-dessous.
MESSAGE
Dangerous Speech contient souvent des «caractéristiques» telles que la déshumanisation ou «une accusation dans un miroir». Un autre exemple de caractéristique est de décrire le groupe cible comme une violation de la pureté de son groupe, faisant de la violence un moyen nécessaire de préserver son identité. Certains discours dangereux ne font jamais directement référence au groupe cible. Au lieu de cela, il décrit les membres du groupe interne soit comme des traîtres pour leur sympathie envers l’autre groupe, soit comme de bons membres vertueux du groupe, par exemple parce qu’ils expriment leur haine de l’autre groupe.
ORATEUR
Certains intervenants ont plus d’influence que d’autres et sont donc plus capables de contraindre un groupe à la violence. L’influence peut provenir de leur statut de leaders politiques, religieux ou culturels, ou de l’influence de leur charisme naturel. Le locuteur peut être anonyme et, dans certains cas, renforcer son influence.
PUBLIC
Lorsqu’un public est déjà «préparé» à la violence, il sera plus facilement influencé par le discours dangereux. Un public cible peut en être un qui craint déjà d’autres groupes, un traumatisme de longue date et non résolu, ou un groupe dépourvu de liens avec d’autres groupes sociaux – en particulier le groupe cible. Lorsque le discours dangereux est prononcé devant un public non vulnérable, il est peu probable que cela conduise à la violence.
LE CONTEXTE
Le contexte comprend l’environnement social, historique et politique dans lequel le discours atteint son auditoire. Les aspects du contexte propices à une parole dangereuse incluent la concurrence de longue date sur les ressources, les précédents épisodes de violence, les conditions de vie difficiles, une guerre en cours, etc.
MOYEN
Le médium, ou moyen de diffusion, peut rendre la parole plus dangereuse si elle possède sa propre influence. Par exemple, un média qui constitue la source d’informations unique ou principale du public aura probablement une influence notable sur ce public. Les médias influents peuvent être un journal populaire, une langue particulière ou un type de technologie de communication – par exemple, la radio, la télévision ou Internet.
CONTRER LE DISCOURS DANGEREUX
La violence peut être prévenue en interférant avec le discours dangereux de différentes manières: inhiber le discours, limiter sa diffusion, nuire à la crédibilité du locuteur, ou « inoculer » le public contre le discours afin qu’il soit moins facilement influencé par celui-ci. De tels efforts ne doivent pas empiéter sur la liberté d’expression puisqu’il s’agit d’un droit fondamental – et lorsque les personnes sont empêchées d’exprimer leurs griefs, elles ont moins de chances de les résoudre pacifiquement et ont plus de chances de recourir à la violence. Pour plus d’ informations sur certaines méthodes de lutte contre le discours dangereux, s’il vous plaît voir notre page sur counterspeech .
Un génocide en 100 secondes – De Radio La Benevolencija
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